Le Temps et l’Espace sont morts hier
Les années 1910-1920 : Poésie et poétique de la première avant-garde
Isabelle Kryzwkowski
Le Temps et l'Espace sont morts hier propose un vaste panorama de la poésie de la première avant-garde dans les années 1910-1920. Une période artistique infiniment riche qui ouvre de nombreuses brèches dans la création poétique. Isabelle Krzywkowski décrypte ainsi ce courant par ses thématiques et les notions mises en jeu, ce qui offre au lecteur une analyse complète de la question.
Quatrième de couverture
Les éclats du surréalisme ont longtemps occulté, en France, les recherches de la génération qui l’a précédé. La vague d’avant-gardes précédant la première guerre mondiale a survécu de manière quasi souterraine, et, point de départ des néo-avant-gardes des années 1950-1970, elle est aujourd’hui redécouverte par la génération la plus récente de poètes expérimentaux. C’est leur caractère expérimental qui leur vaut cette méconnaissance. Car ces premières avant-gardes historiques interrogent des concepts qu’on pourrait croire étrangers à la littérature : abstraction, technique, primitivisme.
En comparant les propositions théoriques, les positions esthétiques et les productions poétiques des années 1910 et 1920 à l’échelle internationale, ce livre cherche autant à les comprendre de l’intérieur, qu’à en montrer l’actualité.
Isabelle Krzywkowski est Maître de Conférences en Littérature comparée à l’Université de Reims. Après une thèse sur Le Jardin des Songes. La symbolique du jardin dans la littérature et l’iconographie fin-de-siècle, elle a coordonné Jardins entre rêve et pédagogie (Presse de l’Université d’Artois, 1999) ainsi que L’Homme artificiel (Ellipses, 1999), et co-dirigé, avec Cécile Millot, Expressionnisme(s) et avant-gardes (L’Improviste, à paraître). Elle est également l’auteur de nombreux articles sur les avant-gardes.
Introduction
Les Avant-gardes historiques avant le surréalisme
Du Thématique au poétique, du poétique au poïétique
Chapitre 1 – Techniques et modernité – La Machine est-elle un mythe d’avant-garde ?
Chapitre 2 – Manifestes et avant-gardes – Manifestes et expérimentation
Temps et espace
Chapitre 3 – Espace et spatialisation – De la poésie cosmique à la poésie spatiale
Chapitre 4 – Simultanéité – Théories et pratiques du simultanéisme en poésie
Chapitre 5 – Le Rêve synthétique – La Notion de « synthèse »
L’écriture comme matière
Chapitre 6 – Rythme et poésie – « Rythme donc, et non plus “vers” »
Chapitre 7 – Poétique de la répétition – « Must write the hymn of repetition » (G. Stein)
Chapitre 8 – Poésie et abstraction – L’Art de la « verbalisation abstraite
La Réflexion sur le langage
Chapitre 9 – Primitivisme – Poésie primitiviste, poésie pure
Chapitre 10 – Oralité – Écrire la voix, dépraver la langue ?
Conclusion
Chapitre 11 – La Fin d’une avant-garde ? – La Poésie expérimentale à l’épreuve de la guerre
Bibliographie
Index
Manifestes et avant-gardes
La pratique du manifeste, en particulier son application dans le champ artistique, est souvent présentée comme caractéristique de la modernité en général. Plusieurs théoriciens se sont attachés à la mettre en parallèle avec des conditions sociologiques nouvelles (l’accélération des mouvements artistiques qui oblige à se justifier, l’élargissement du public et les nouvelles relations que les artistes cherchent à établir avec lui, le nouveau statut de l’artiste, etc.) ou avec la rupture esthétique que constitue l’affirmation de l’autonomie de l’art.
Les avant-gardes n’inventent donc pas le manifeste. Si on leur associe pourtant souvent cet usage, c’est peut-être, non seulement parce qu’elles y recourent dans tous les arts, mais aussi parce qu’elles en proposent un usage renouvelé, tant il est vrai qu’elles y trouvent une forme en adéquation avec la fonction qu’elles assignent à l’art : « manifester » répond à leur volonté de réinscrire l’art dans la vie, non plus en s’en inspirant, mais en s’y projetant. De ce principe découle une pratique, et même une posture : le manifeste littéraire va en effet de pair avec l’invention du happening, qu’il accompagne du reste presque toujours, et fournit toutes les formes que les avant-gardes sauront exploiter : le tract, l’affiche, les « soirées », l’intervention, etc.
L’abordant ici sous l’angle de son rapport à l’expérimentation, le chapitre qui suit se propose d’expliquer que le manifeste apparaît bien comme un mode d’expression privilégié pour le bouleversement que propose la modernité : il illustre en effet le passage d’une esthétique du modèle à une esthétique de l’innovation. À cette démarche, radicalisée par l’exigence de rupture que le manifeste conforte, les avant-gardes apportent une contribution complémentaire et spécifique : en travaillant sur la forme et sur la fonction du manifeste, elles en font le support même de l’expérimentation, fondant par son intermédiaire une nouvelle définition de l’art comme projet et comme action.
- Date de parution : décembre 2006
- Dimensions : 22,4 cm x 14 cm
- ISBN-10 : 2-913764-32-0
- Nombre de pages : 282
- Poids : 370g
- Reliure : Broché